[Les pieds sur Terre]

Le protocole de Kyoto entrera finalement en vigueur en février 2005

La ratification officielle du texte par la Russie permet d'engager l'application du protocole, sept ans après la conférence internationale sur le climat au Japon.
La Russie a signifié officiellement, jeudi 18 novembre, sa ratification du protocole de Kyoto à l'ONU, dépositaire du traité, permettant ainsi à cet accord de lutte contre le changement climatique d'entrer en vigueur plus de sept ans après sa conclusion dans la ville japonaise.
Ce protocole, l'accord le plus contraignant jamais conclu par la communauté internationale en matière d'environnement, va entrer en vigueur le 16 février 2005, a annoncé l'ONU, qui applique un délai d'enregistrement de quatre-vingt-dix jours.

En marge d'une réunion exceptionnelle du Conseil de sécurité à Nairobi Kenya), l'ambassadeur de la Russie auprès des Nations unies, Andrey Denisov, a remis au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, un dossier contenant les instruments de ratification russe.

La brève cérémonie, à laquelle a assisté l'écologiste kényane Wangari Maathai, Pix Nobel de la paix 2004, marque l'achèvement du processus de ratification russe. La Russie détenait la clé de l'entrée en vigueur du protocole, du fait des règles de ratification de l'accord, depuis que le président américain George W. Bush l'avait rejeté en mars 2001.

M. Poutine avait soufflé le chaud et le froid pendant deux ans et demi sur ses intentions. Il avait finalement donné son feu vert à Kyoto. Le conseil des ministres russes avait adopté officiellement, le 30 septembre, un projet de loi de ratification, voté sans difficulté par les deux Chambres du Parlement, la Douma (Chambre basse, le 22 octobre) et Conseil de la Fédération (Chambre haute, le 27 octobre), avant la signature de la loi par M. Poutine, le 5 novembre.

UNE DÉCISION "HISTORIQUE"
Selon des sources occidentales, Moscou pourrait demander lors du sommet UE-Russie, prévu le 25 novembre à La Haye, des concessions sur les dossiers énergétiques et économiques qui lui tiennent à cœur en échange de sa bonne volonté sur Kyoto.

M. Annan s'est félicité de la ratification russe, dans un communiqué signé du Programme des Nations unies pour l'environnement à Nairobi, la qualifiant d'"historique". Sa secrétaire exécutive pour le climat, Joke Waller-Hunter, a elle aussi salué cette décision, affirmant qu'"une période d'incertitude s'achève". Elle a appelé "les Etats-Unis et les autres pays n'ayant pas d'objectifs chiffrés" de réduction à "accélérer leurs efforts dans le domaine du changement climatique", dans une allusion aux pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil.

Interrogée sur les perspectives d'un changement de position américaine après la réélection de M. Bush, Mme Waller-Hunter a rappelé que la prochaine conférence de négociations de l'ONU sur le climat aurait lieu à Buenos Aires en décembre. Cette conférence "nous fournira la première occasion de demander" aux Américains "si leur position a changé".

Le protocole de Kyoto, conclu le 12 décembre 1997, impose aux trente pays industriels l'ayant ratifié de réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre dont le CO2 (gaz carbonique) entre 2008 et 2012, par rapport à 1990.

Les pays en développement doivent seulement établir des inventaires de ces substances jugées responsables du changement climatique. Les gaz à effet de serre sont rejetés essentiellement par la combustion des énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz. Les combattre implique toutes les activités humaines, transports, fabrication de produits, chauffage, éclairage, agriculture, et donc à terme des changements de mode de vie.

Avec AFP
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